For a few days, we talked about autumn leaves, Kanye West, sarcophagi, Pokémon, Instagram, and MRIs. We brought up notions of translation, fragility, innovation, religiosity, entertainment, and biology. We showed artworks by three artists living in the Paris area: Jimmy Beauquesne, Mahalia Köhnke-Jehl, and Mona Varichon. It’s a small group show with artists who didn’t know each other. The curator brought them together because they have visually and politically rich and generous practices that speak, each in their own way, about technology, language, and power.
Jimmy Beauquesne (b. 1992) lives and works in Ivry-sur-Seine. Mahalia Köhnke-Jehl (b. 1990) lives and works in Clichy. Mona Varichon (b. 1989) lives and works in Paris.
Pendant quelques jours, on a parlé de feuilles mortes, de Kanye West, de sarcophages, de Pokémon, d’Instagram et d’IRM. On s’est pas mal intéressé à la traduction, à la fragilité, à l’innovation, à la religiosité, au spectacle et à la biologie. Il y avait des œuvres de trois artistes qui vivent en région parisienne : Jimmy Beauquesne, Mahalia Köhnke-Jehl et Mona Varichon. C’est une petite exposition de groupe avec des artistes qui ne se connaissaient pas. Le commissaire les a invité parce qu’ils et elles ont des pratiques riches, généreuses, visuelles et politiques qui parlent, chacune à leur manière, de technologie, de langage et de pouvoir.
Jimmy Beauquesne (1992) vit et travaille à Ivry-sur-Seine. Mahalia Köhnke-Jehl (1990) vit et travaille à Clichy. Mona Varichon (1989) vit et travaille à Paris.
Jimmy Beauquesne, untitled, 2020, crayon de couleur sur papier & papier peint
Mona Varichon (haut) & Mahalia Köhnke-Jehl (bas)
Mona Varichon, Easter Sunday Service 4-21-2019, 2019, vidéo, 6′
Mona Varichon, Notre-Dame de Paris 4-15-2019, 2020, vidéo, 6′
Vue d’ensemble, Mahalia Köhnke-Jehl (bas), Jimmy Beauquesne (droite)
Mahalia Köhnke-Jehl, Cavity Case, 2020, plâtre et mousse
L’exposition to Thomas développe des récits d’attachement, de dépendance, de colère et de résistance à partir d’une histoire d’amour ordinaire. Elle est pensée comme une adresse à un amant du passé, un certain Thomas à la fois autobiographique et fictif qui pourrait avoir bien d’autres noms et d’autres genres. Les commissaires et les artistes investissent et transforment leur propre Thomas, le faisant surgir de leur histoire personnelle comme autant de chapitres d’un étrange roman à l’eau de rose. Les artistes prennent à bras le corps les émotions et la manière dont celles-ci sont profondément liées à des enjeux politiques. Jimmy Beauquesne, Simon Martin et Josèfa Ntjam offrent des réponses directes à l’invitation en réalisant leurs œuvres spécialement pour l’exposition. Ils et elles adoptent un ton résolument intimiste et se focalisent sur le sentiment amoureux. Les œuvres de Jesse Darling, de Marijke De Roover et d’Adrian Mabileau Ebrahimi Tajadod, dotées d’humour ou d’autodérision, s’attardent sur la rencontre amoureuse – ce moment qui peut réveiller notre saboteur·se intérieur·e. Ilya Fedotov-Fedorov et Bady Dalloul se penchent sur les états d’impuissance et de perte de contrôle : le premier en figeant un acte brutal d’une violence inouïe, le second en examinant minutieusement la notion de destin, liant avec attention actes quotidiens, astres, et systèmes de domination.
to Thomas mobilise les luttes sociales et les subjectivités queer et minoritaires pour interroger la construction collective des émotions. Les œuvres de Dala Nasser et de Bassem Saad offrent une approche à la fois personnelle et politique. Adressées à des êtres chers, elles font usage d’éléments autobiographiques jusque dans les matières mêmes des sculptures pour évoquer le lien entre mémoire, soin et coercition. Enfin, prenant acte du fait que les émotions ne naissent et n’agissent qu’en relation avec le collectif, Olivia Hernaïz, Candice Lin et Hanna Zubkova ont choisi d’intégrer la question des conditions de travail dans leurs œuvres en répondant au contexte de l’exposition. Elles s’adressent à l’école et au centre d’art, à ses étudiant·e·s, et à celles et ceux qui y travaillent et les font vivre. Toutes questionnent le travail émotionnel et politique qui s’y opère au quotidien, et proposent des méthodes d’analyse, de survie et de résistance. Entre l’euphorie amoureuse, le deuil de la perte, l’impuissance, la colère et la rage, to Thomas est un ensemble de gestes profondément intimes. Souvent mises de côté – trop personnelles ou trop singulières, trop fortes ou trop désordonnées – les émotions permettent pourtant aux artistes et aux commissaires de rendre leur travail partageable et accessible, tout en explorant les régimes visuels et politiques complexes qui les déterminent.
L’exposition to Thomas a été réalisée dans le cadre de la programmation Emotional Labor, projet curatorial 2019/2020 de La Box_Ensa Bourges par les commissaires d’exposition Lucas Morin et Sasha Pevak.
Image de couverture : Jimmy Beauquesne, from Lucas, 2020, crayon de couleur sur papier, 20 x 30 cm. Courtesy de l’artiste. Produit par La Box – Ensa Bourges.
Adrian Mabileau Ebrahimi Tajadod, to Louisette, 2019-20, grès, peinture, acrylique, bois.
Olivia Hernaïz, L’Art & Ma Carrière, 2019, jeu de plateau, 50 x 50 cm ; bois, feutrine, aluminium, tabourets, dimensions variables.
Jimmy Beauquesne, untitled, 2020, crayon de couleur, 90 x 60 cm. Production Ygrec-Ensapc.
Hanna Zubkova, Biblioteka, 2020, dimensions variables.
Simon Martin, 14 h sur le lit, 2020, huile sur toile, 162 x 130 cm. Collection particulière.
Jesse Darling, Me and Thomas in the Sauna, 2020, impression sur papier, édition limitée à 25 ex., 42 x 30 cm.
Vue d’ensemble (Dala Nasser, untitled / Bady Dalloul, King of the System I & II)
Vue d’ensemble (Bassem Saad / Simon Martin / Candice Lin / Ilya Fedotov-Fedorov)